Green is the new black
 

Les consommateurs réalisent leurs achats désormais en tenant compte de leur impact environnemental global, le transport et le stockage compris. Les bâtiments logistiques doivent donc, eux aussi, être pensés et construits selon de hauts standards environnementaux.

Selon un sondage Ifop (1), paru en septembre 2018, 78 % des Français souhaitent que l’écologie et la protection de l’environnement soient une priorité nationale. Las d’attendre la concrétisation de leur volonté, ces électeurs s’informent, agissent et s’organisent de manière individuelle :

  • Ils apprennent à lire les petites lignes imprimées sur les emballages des produits.
  • Ils choisissent judicieusement les articles qu’ils consomment.
  • Ils échangent instantanément au sein de communautés actives sur les réseaux sociaux.
  • Ils signalent les produits vertueux et boycottent ceux qui sont nuisibles à la nature.

Cette prise de conscience écologique est profonde, durable et massive. Elle bouleverse les modes de vie, de consommation. Désormais, il ne suffit plus qu’un produit ou un service soit beau, bon et pas cher pour séduire les consommateurs. Il faut encore que son empreinte carbone soit des plus basses. Et la logistique joue évidemment un rôle évident dans cette logique... La logistique verte, ou Green Supply Chain, doit se penser dès son implantation dans un entrepôt, dès qu’elle utilise des surfaces de stockage.

L’engagement des commerçants

Les commerçants l'ont bien compris. Afin de rester compétitifs, les revendeurs sont en effet contraints de s’adapter rapidement à la nouvelle conscience écologique des consommateurs. Ils doivent s’assurer que les produits ou services qu’ils proposent sont « propres ». Beaucoup d’entre eux ont converti cette responsabilité en engagement. Ils redécouvrent les producteurs locaux et les circuits courts, ils implantent l’énergie renouvelable dans leurs magasins et utilisent des matériaux recyclables. Et ils le font savoir.

Pour communiquer sans être contredits sur cette promesse d’un commerce social, économique et écologique, les dirigeants des enseignes et des points de vente doivent donc vérifier qu’aucune action extérieure ne détruit tous leurs efforts. Or, de la culture des matières premières à la gestion des déchets, en passant par le transport et l’entreposage, toutes les étapes du cycle de vie d'un produit influent sur son empreinte carbone. Afin d’assurer le succès de leur mission, les vendeurs dressent des cahiers des charges drastiques. Le secteur de la logistique est donc au coeur de ce grand bouleversement, et un management efficace des entrepôts logistiques apporte une réponse majeure à une préoccupation universelle : la préservation de l’environnement. Cette tendance structure désormais la manière de penser et d’agir des consommateurs, des commerçants et des institutions publiques. Quelles sont les solutions actuelles pour rendre une surface de stockage éco-responsable ?

Le renouveau de la pensée logistique

Il y a encore quelques années, les responsables logistiques prenaient leurs décisions stratégiques en considérant principalement la réduction des coûts et l’amélioration du taux de service. Une réglementation sévère associée à une exigence imparable de leurs clients a changé les bases de leur considération. Le virage vert est engagé. Finies les coques dont les formes et les couleurs enlaidissent le paysage. Finis ces entrepôts logistiques où une mauvaise disposition et préparation des produits, ou une surconsommation énergétique incommode les conditions de travail.

La réflexion de la logistique verte s'amorce par la localisation de l’entrepôt, son orientation, son aménagement et les matériaux utilisés pour sa construction. La gestion de l’énergie et des outils de travail fait ensuite l’objet d’une attention rigoureuse.

Quelles sont les solutions actuelles et les pistes de travail ?

Les nouveaux défis que nous venons de mentionner précisent le niveau de compétence et d’exigence requis. La logistique étant une activité intégrée, mais aussi à part dans l’organisation de l’entreprise, les dirigeants ont toujours le choix entre la construction clé-en-main ou la location d'entrepôts. Quels que soient leurs souhaits, ils devront considérer les points suivants :

  • La baisse des coûts d’exécution reste un élément central de la nouvelle pensée logistique. Il faut être facilement accessible, au plus près des destinataires dans un bâtiment aux dimensions adaptées et qui se fond dans le paysage. L’esthétique, l’économie et l’écologie nous dirigent vers l'utilisation des matières recyclables. Ces dernières font leur grand retour. Isolantes, elles participent à la baisse de la consommation énergétique.
  • L’alimentation par des sources renouvelables contemple les panneaux solaires, les éoliennes, les aménagements hydrauliques, la récupération des eaux de pluie ou le retraitement des eaux grises. Dans de nombreux entrepôts, des ouvertures permettent à la lumière naturelle d’éclairer les espaces de travail.
  • La gestion des déchets tant au départ qu’au retour des camions est complexe. De plus en plus d’entreprises récupèrent leurs produits usagés en vue de les recycler, de réduire des rejets polluants, de se soumettre à la législation de leur secteur ou d’apporter une certaine valeur additionnelle à leurs produits. Au sein de l'entrepôt, l’usage d’emballages en matières recyclables et la connexion à des centres d’assainissement partagés participent aussi à cet objectif.
  • Une gestion optimisée de l’entrepôt (WMS), de ses stocks et de ses approvisionnements. Il faut faire appel à diverses technologies : EDI, puces RFID, ERP, reconnaissance vocale, logiciels de gestion d'entrepôts, du transport, de planification avancée, de la relation client, mais également des outils de pilotage et de suivi de la production quand l’entrepôt est intégré au site de production. L’usage de transstockeurs, convoyeurs automatiques et autres systèmes de robotisation pour la préparation des commandes ou de palettisation et de chargement répond aussi aux exigences de la logistique verte.

La réglementation et les certifications

L’Etat n’est pas resté inactif. Les lois de Grenelle I et II ou la loi POPE (juin 2005) ont fixé aux constructeurs ou dévelopeur des surfaces de stockage les objectifs à atteindre et les méthodes à utiliser.

Pour obtenir une certification BREEAM (certification Anglaise), LEED (certification Américaine) ou HQE (certification Française, Haute Qualité Environnementale), un site doit respecter et améliorer un nombre de points que l’on classifie dans 2 catégories distinctes :

1) Maîtriser l’impact sur l'environnement extérieur : c'est à dire instaurer une relation harmonieuse des bâtiments avec leur environnement immédiat, bien choisir les procédés et les produits de construction, conduire des chantiers à faibles nuisances, développer l’éco-gestion de l'énergie, de l'eau, des déchets d'activité, de l'entretien et de la maintenance.

2) Générer un environnement intérieur favorable : assurer le confort du travailleur à travers son confort hygrothermique et son bien-être acoustique, visuel et olfactif, veiller à la bonne santé des travailleurs par la qualité sanitaire des espaces, de l'air et de l'eau.

L’immobilier logistique, au même titre que les autres classes d’actifs, est concerné. Il existe d’ailleurs des référentiels HQE dédiés aux quais de messagerie ou aux bâtiments frigorifiques. Ces annexes complètent la certification HQE « plate-forme logistique » actuellement en vigueur. La logistique verte apporte une réponse fiable aux nouvelles tendances de la consommation. Elle se conforme aux strictes réglementations gouvernementales relatives à l’environnement. Elle tient toujours compte de la réduction des frais de fonctionnement et de la précision dans le flux des marchandises.

Au-delà de toutes ses indications, la logistique verte participe à une mission qui dépasse sa seule activité : préserver notre environnement naturel et transmettre un monde sain aux futures générations.

Références :

(1) « Les Français et la politique économique et écologique du gouvernement » Sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche 03/09/2018.

(2) « Automatisation et robotisation : Quels effets sur le travail et les compétences dans la logistique ? », document de travail du LATTS - Working Paper, n° 18-14, Septembre 2018, étude Pascal Ughetto (2018). URL : https://hal-enpc.archives-ouvertes.fr/hal-01880731. Identifiant : hal-01880731 du LATTS (Laboratoire techniques, territoires et sociétés)

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